Avec 591 points, NEMO a donc offert la 3è victoire de la Suisse à l’Eurovision pour cette 68è édition du concours et, pour être franc, nous avons poussé un “ouf” de soulagement au retentissement du dernier TEDEUM de ce samedi vers 1h00 du matin, tant cet Eurovision aura été éprouvant.
On fait un récapitulatif de ce qu’il faut retenir de cette 68è édition du concours Eurovision qui aura de nombreux records à son actif !
25 finalistes au lieu de 26
La finale qui s’est tenue à Malmö en Suède suite à la victoire de Loreen en 2023 devait accueillir 26 finalistes. Ils n’auront été que 25 pays à concourir ce samedi soir après la disqualification des Pays-Bas et de son candidat Joost Klein. Une affaire qui n’est pas terminée ni pour le candidat ni pour l’UER (l’Union Européenne de Radiodiffusion, organisatrice du concours) car le diffuseur néerlandais AVROTROS est très remonté par cette décision inédite le jour même de la finale.
Statement AVROTROS #europapa #eurovision #eurovision2024 pic.twitter.com/XunuOe4jU6
— Songfestival (@songfestival) May 11, 2024
Tellement remonté, que quelques minutes avant le début de la finale, le diffuseur a annoncé refuser de prendre part à l’Eurovision au moment des votes des jurys. La porte-parole néerlandaise Nikkie de Jager avait déjà laissé planer un doute durant les répétitions. C’est finalement le superviseur exécutif du concours Martin Osterdahl qui donnera les points attribués par le jury néerlandais sous les huées nourries du public de la Malmö Arena.
Statement spokesperson #europapa #eurovision #eurovision2024 pic.twitter.com/DPkLzT0IUw
— Songfestival (@songfestival) May 11, 2024
Et on peut dire que la décision abrupte de l’UER d’exclure les Pays-Bas n’a pas fait l’unanimité chez les autres délégations. On sait qu’une réunion de crise s’est tenue à la mi-journée de samedi avec le Portugal, la Suisse, l’Irlande et le Royaume-Uni qui auraient menacé de se retirer du concours à quelques heures de la finale télévisée.
Des tensions à l’extérieur mais aussi à l’intérieur de la Malmö Arena en raison du maintien de la participation d’Israël
Plusieurs délégations ont signalé à l’UER des pressions et du harcèlement de la part des journalistes et membres de la délégation israélienne. Plusieurs photos et vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux montrant les méthodes exécrables des israéliens dans les coulisses du concours allant jusqu’à la provocation et cherchant clairement “l’incident”
Les artistes n’ont pas été exempts non plus de ces méthodes appliquées à tout concurrent qui montrait ou ayant montré une réticence à la présence d’Israël au concours. Joost Klein en a surement fait les frais, la justice le confirmera peut-être plus tard. La concurrente irlandaise Bambie Thug a “vidé son sac” après la victoire de Nemo : On sent la souffrance qu’a été pour elle cet Eurovision, elle en veut particulièrement à l’UER d’avoir laissé faire sans réagir.
Bambie Thug, muy enfadada con toda la actuación de la EBU con las delegaciones: ‘’Fuck the EBU, ya me da igual’’. Deben depurarse inmediatamente muchas responsabilidades. Empezando por Martin Osterdahl. #Eurovision pic.twitter.com/uaVBbKaFxN
— Espace (@eurovisionspace) May 12, 2024
L’artiste et la délégation irlandaise qui ont affiché très tôt, comme d’autres artistes et pays, leur réticence à la participation d’Israël ont fait l’objet de dénigrements par les commentateurs israélien à l’antenne durant la compétition en irrégularité avec les règles du concours. Mais l’UER, si elle a confirmé les irrégularités, n’a pris ici aucune sanction ou décision à l’encontre de la délégation israélienne ni même retiré les accréditations aux journalistes s’étant mal comporté. Un journaliste espagnol a confirmé également s’être plaint auprès de l’UER des méthodes de harcèlement des journalistes israéliens en salle de presse.
La gestion de cet Eurovision, sur ce point, a été tout simplement calamiteuse. Vous comprenez pourquoi, depuis la décision d’exclure Joost Klein, le superviseur exécutif du concours Martin Osterdahl a fait l’objet de huées du public à chacune de ses apparitions publiques.
Käärijä (Finlande 2023) et Alessandra Mele (Norvège 2023) devaient initialement être les porte-parole du jury de leur pays lors de la finale. Ils ont finalement annoncé se retirer quelques heures avant la finale. Ce retrait est clairement en lien avec la participation d’Israël et aux comportements rapportés sur place.
Israël, boudé par les jurys, a pu compter sur sa diaspora pour les télévotes
La chanteuse Eden Golan a représenté Israël sous les huées et les sifflets nourris, non seulement lors des répétitions mais aussi durant les directs. Elle termine à la 5ème place de la finale (12ème des jurys avec 52 points et 2ème des télévotes avec 323 points, juste derrière la Croatie.)
A noter également que Israël a terminé en tête de la deuxième demi-finale alors que Nemo et la Suisse, qui concourraient le même soir, n’arrivaient qu’en 4ème position.
Une fois n’est pas coutume, les bookmakers se sont trompés !
Ils ont crédité Baby Lasagna et la Croatie de 52% de chances de victoire en début de soirée contre seulement 15% à la Suisse et à Nemo : le pari n’est pas une science exacte !
La France et Slimane se hissent dans le top 5
Et c’est un beau résultat car si l’on observe le détail des votes, la délégation française a réussi a obtenir un bel équilibre des votes entre les jurys professionnels et les télévotes. Cet équilibre est le meilleur moyen d’atteindre la victoire !
Mais cette année, avec seulement 4 douze points des jurys professionnels (Arménie, Belgique, Islande et Slovénie) sur les 36 disponibles, la marche du podium n’était pas atteignable face à la rude concurrence de la Croatie et de la Suisse. Slimane a réalisé une prestation parfaite, on est tous très fier de lui !
France 2 a enregistré d’ailleurs un pic d’audience à 7,6 millions de téléspectateurs au moment du passage de Slimane et réalise l’un de ses plus beaux scores d’audience avec une moyenne de 5,3 millions de téléspectateurs sur la soirée et une part d’audience impressionnante de 36,8% selon les chiffres délivrés ce dimanche matin par Médiamétrie.
Le Royaume-Uni reçoit le seul 0 point de la soirée
On le sait, un nom ou une notoriété ne suffisent pas à l’Eurovision pour gagner. La chanson, la scénographie et la prestation vocale en live font un tout. Si Olly Alexander possède une belle notoriété, sa voix peu assurée et faible sur une scénographie qui rappelait un peu trop le tambour d’un lave-linge en mode essorage ne lui ont pas permis d’obtenir le moindre point de la part des téléspectateurs. Le Royaume-Uni ne termine cependant pas dernier puisque les jurys lui ont accordé 46 points.
Du côté des autres pays du Big Five, l’Espagne renoue avec les fonds de classement; La prestation de Nebulossa a certes emballé le public de la Malmö Arena mais beaucoup moins les jurys et les téléspectateurs avec un 22è place sur 25. L’Allemagne représenté par Isaak quitte les fonds de classement pour atteindre la 12eme place; Un beau résultat si l’on ajoute le handicap du passage en troisième position; Peut être que l’ouverture des votes durant toute la finale aura également aidé, mais c’est en tous cas, un bon résultat.
L’Ukraine toujours aussi performante
Bon, on ne l’a jamais caché, le duo ukrainien composé par Alyona Alyona et Jerry Heil a été notre coup de coeur de cet Eurovision. Le duo a été très vite sous estimé par les bookmakers et jusqu’à la révélation des résultats de cette finale. La voix envoutante de Jerry Heil mise en valeur avec une magnifique scénographie ont permis à l’Ukraine de terminer deuxième de leur demi finale et à la troisième place de la finale.
Un très bon score compte tenu de la place occupée par le pays dans l’ordre de passage de la finale : la deuxième place étant particulièrement maudite (statistiquement parlant bien sûr!). Comme l’Allemagne peut-être, l’ouverture du vote dès la première prestation aura permis à la chanson de collecter un maximum de télévotes lors de son passage. En tous cas, cette chanson restera dans nos playlists !
Voilà ce que l’on peut dire de cette finale de l’Eurovision et de ses événements connexes qui auront fait, hélas, un peu oublier le travail fait par la télévision suédoise SVT et aux présentatrices du concours qui ont réalisé le job avec humour dans un contexte parfois difficile. On espère retrouver Petra Mede et les blagues et shows écrits par Edward af Sillén très prochainement ! (Grindr, Miss France… on a été gâté cette année !)
Espérons que l’UER arrivera à faire son auto-critique d’une gestion calamiteuse envers les artistes, les délégations, les journalistes et les fans. L’image de la compétition a assurément souffert des choix ou parfois de l’absence d’action du superviseur exécutif et du groupe de référence;
Une victoire d’Israël dans le contexte actuel aurait certainement entrainé le retrait de nombreux pays et écorné encore plus la marque Eurovision. Si le concours, depuis sa création, a toujours été instrumentalisé à un moment ou un autre par les pays, son côté apolitique ne doit pas devenir un argument pour rester sourd aux artistes, au public et aux fans; créer des tensions à ce point exacerbées et créer un environnement hostile pour les artistes ou les journalistes qui couvrent l’événement.. Sinon, c’est la mort assurée de la marque et du concours.
Gageons que les diffuseurs sauront faire connaitre leur mécontentement dans les prochaines jours et semaines auprès des instances de l’UER !
Un grand bravo à Nemo qui offre à la Suisse sa troisième victoire à l’Eurovision ! la dernière en date était celle de Céline Dion !